ILANN VOGT
Vernissage le 29 janvier 2025, 18h
« Tisser c’est écrire avec la matière. L’acte poétique commence là où le discours s’arrête. » Ilann Vogt
“Jour après jour, Ilann Vogt tisse des textes découpés en lamelles pour réaliser des oeuvres en papier de toute taille, selon la nature du texte originel choisi. De « L’Éternité » d’Arthur Rimbaud à « La recherche du temps perdu » de Marcel Proust, en passant par « L’Odyssée » d’Homère ou encore « La Métamorphose » de Franz Kafka, les productions de l’artiste couvrent l’histoire de la littérature mondiale pour composer une bibliothèque idéale où le texte a à voir avec la matière. Travail artisanal, presque monacal, Ilann Vogt fait face aux livres dans la solitude de son atelier pour les transfigurer en toiles de signes devenus abstraits et pourtant d’une accessibilité directe. Toujours le même mode opératoire, choisir un texte, en découper les lignes au cutter sans couper dans les mots, les transformer en lamelles de papier, les tisser à la main, ligne après ligne. D’un geste simple, répété dans l’immensité des bibliothèques du monde, Ilann Vogt travaille à l’infini des manifestations de la langue.” Anton Farago pour les éditions Artfolages
« Plutôt que d’expliquer mon travail à vous tous, je souhaite simplement vous dire que vous savez déjà tout, que vous voyez déjà tout. Que dans ce travail je ne cache rien. Votre regard peut aller d’entrelacs en entrelacs, sauter d’une œuvre à l’autre, se rapprocher, prendre un mot, s’éloigner, voir un drapé, prendre le fil pour à votre tour devenir des fileurs éternels des immobilités bleues, des créateurs, des artistes de votre propre regard. Il n’y a pas de bons fils à dérouler, vous pouvez en prendre un au hasard. Peu importe si vous vous trompez dans votre perception, cela fait partie du jeu, se tromper est aussi important que réussir, et si par hasard quelques fils que j’ai tissé se tendent jusqu’à votre imagination, alors oui nous aurons réussi ensemble.
Tout ce qu’il vous faut pour cela c’est du temps, un temps tisserand qu’il soit en passant, ou qu’il dure même une fois rentré chez vous, une pensée suffit. Ce travail vous appartient autant qu’à moi, ici aucun mot n’est de moi, je n’ai fait que les assembler, à les mettre au-dessus, en dessous, il vous appartient puisqu’ici au sein de cette exposition, je vous le montre, qu’il est dans vos yeux. Et aussi, car je me rends à l’évidence, je ne suis pas Kafka, je ne suis pas Madame Bovary, ni Camus, ni Bachelard… Certes il y a quelques mystères dans ces œuvres, mais les quelques mots que je pourrais dire sur cela ne ferait qu’épaissir ce mystère, on sait surtout ce que l’on ignore, ne soyez pas effrayé, je fais cela aussi pour dire que l’ignorance est une chose belle, apprendre et désapprendre se valent.
Le récit et les rêves est le titre de l’exposition, je ne crois pas qu’il faille expliquer les rêves, encore moins les récits, seulement se laisser prendre, avoir cette candeur du regard qui arpente un travail, et pour cela oui, je veux bien vous tenir la main. Lorsque vous regardez tel tableau, pour moi vous lisez le livre, le temps, et le temps ne s’explique pas, il se vit, il est ici pour quelques mois une matière. Il faut avoir confiance en son propre regard, même lorsqu’on ne le comprend pas. Vivre le mystère. » Ilann Vogt