Description
Les oeuvres de Nadia LICHTIG nous invitent à penser les fêlures du langage, sa structure trouée, ce qui arrive avant la parole, rendant visible les oublis de la narration, de l’histoire et de l’Histoire. Par le détour des langues et leur oubli, par la mémoire du corps et du geste, en faisant „flotter des silences“, les oeuvres posent la question de la place du non articulé. Elles se déploient aux limites de l’invisible et de l’indicible pour insuffler une interrogation : la seule image importante ne serait-elle pas celle qui ne peut être achevée ? Toute représentation, toute image, ne serait-elle pas avant tout témoin de ce qu’elle ne montre pas, de ce qu’elle exclut de notre champ de vision ? Ou, avec les mots de Francis Ponge dans Le Soleil placé en abîme : „Le plus brillant des objets du monde n’est (…) pas un objet ; c’est un trou, c’est l’abîme métaphysique : la condition formelle et indispensable de tout au monde. La condition de tous les autres objets. La condition même du regard.“
Artist Statement : „En tant que peintre, ma pratique artistique se base sur la collecte de voix. J’appelle ‘voix’ des mots que je tire de lettres, d’écrits, de paroles, de recherche d’Histoire et d’histoires, autant issues de langues que je comprends, que celles que je ne comprends pas. C’est à partir de ces voix, souvent taciturnes, que les séries se déploient dans les interrelations, les intervalles entre plusieurs pratiques, où chaque geste sert à questionner le présent, et ce qui le constitue. À mon sens, la peinture seule n’existe pas. La peinture est liée à l’histoire, aux histoires, à l’anthropologie, aux fantômes. Ces champs de savoir et de non-savoir se trouvent simultanément dans l’oeuvre. Ma pratique n’agit pas dans un sens clair, elle n’est pas dirigée vers une signification précise. Je crois en un art qui nous met en contact avec une réalité inexpliquée qui reflète la complexité et la contradiction du vivant, de ce qui constitue notre être, et de ce qui dans notre société n’a pas de repères. Créer des foyers pour l’imagination est à mon sens l’acte le plus politique qui soit, le plus dérangeant qui puisse exister.“
Nadia Lichtig (*1973, Munich, Allemagne) a fait ces études en Allemagne, aux États-Unis et en France, à l’école des Beaux-Arts de Paris, dont elle est diplômée en 2001. Elle vit et travaille à Paris et Montpellier, où elle est professeure de peinture, son et installation à l’école supérieure des Beaux-Arts de Montpellier (MOCO) depuis 2009. L’oeuvre de Nadia Lichtig questionne notre mémoire collective et individuelle. Son travail pictural se situe à la frontière entre abstraction et figuration, interrogeant les notions de paysage, de maitrise et de hasard ainsi que les rapports entre la peinture et l’écriture. Elle expose régulièrement son travail en France et à l’étranger. Elle a exposé en 2021 et 2022 entre autres au Canada, à la Belkin Gallery à Vancouver, au CUAG à Ottawa, au Art Museum à Toronto et au Agnes Etherington Art Centre à Kingston, en Pologne au Centre d’art Zamek à Poznan et au Laznia Center for Contemporary Art à Gdansk, en Roumanie à la galerie Anca Poterasu et au Goethe Institut à Bucarest, ainsi qu’au Rohkunstbau en Allemagne. Dans le passé, elle a exposé à l’Institut d’art contemporain de Lyon dans le cadre de la Biennale de Lyon, à la Biennale de Rennes, à la Fondation Ricard, au Palais de Tokyo et au Centre Pompidou à Paris, et dans des institutions à l’étranger comme la Sécession à Vienne en Autriche, ou le Kai 10 / Arthena Foundation à Düsseldorf en Allemagne. Nadia LICHTIG travaille sous divers alias en tant que compositrice et en tant qu’artiste.